Georges Cazorla

Il a été responsable du suivi physique, physiologique et biologique de l’entraînement de nombreuses équipes de sport de haut niveau (Girondins de Bordeaux, Toulouse Football Club, XV de France, Equipe de France de Natation, etc.) et actuellement membre de la Cellule Recherche de la Fédération Française de Football. Il a été, également, Chargé National de Mission auprès du ministre des sports dans les domaines de l’évaluation du niveau de condition physique des jeunes français d’âge scolaire. Et il a collaboré ou coordonné plusieurs actions régionales, nationales et internationales dans le domaine du Sport-Santé : évaluation des capacités physiques, lutte contre la sédentarité, le surpoids, l’obésité et développement du niveau de condition physique des enfants, des adolescents et des adultes.

PC 2015 - INTERVENTION

 

"L’EPS au cœur de la santé"

 

Vendredi 13 novembre 2015 à 09 h 30

 

EN SAVOIR PLUS …

 

-> Docteur en biologie de l’activité musculaire

 

-> Expert et membre du Comité Scientifique de ClinicProSport et de Monstade (www.monstade.fr)

 

-> Ancien Maître de Conférences HC des Université

 

-> Ancien responsable du Master « Ingénierie de l’entraînement », du Diplôme d'Université "Evaluation et Préparation Physique" et du Laboratoire « Evaluation Sport Santé » au sein de la Faculté des Sciences du Sport et de l’Education Physique de l’Université de Bordeaux 2.

 

RÉSUMÉ INTERVENTION

Les effets délétères de la sédentarité ou, à l’opposé, les bénéfices de la pratique régulière de l’activité physique sur la santé sont actuellement de mieux en mieux connus. Quel que soit l’âge, la pratique régulière d’une activité physique peut non seulement contribuer au bien-être, à la qualité de vie, mais présente aussi des effets ubiquitaires très importants sur nos fonctions physiologiques, biologiques et cognitives.

 

Malheureusement, l’augmentation de plus en plus de la sédentarité actuellement constatée, inverse ces bénéfices et est significativement corrélée au surpoids et à l’obésité ainsi qu’à tous les risques sur la santé qu’ils induisent.

 

Les fonctions cardiorespiratoires dont la consommation maximale d’oxygène (VO2max) est le principal témoin, les amplitudes articulaires, l’endurance musculaire et la composition corporelle traduite par  l’indice de masse corporelle (IMC) sont largement reconnues comme facteurs majeurs de la condition physique liée à la santé. Or depuis plusieurs années, on observe une diminution avérée de VO2max chez les enfants et les adolescents. Cette diminution a été évaluée à plus de 8% en 20 ans chez une population de 130 000 enfants âgés de 6 à 19 ans. Ces résultats sont très probablement la conséquence d’une pratique physique insuffisante. Dans ce même sens, l’augmentation des jeunes présentant un surpoids, ou déjà obèses, constatée dans la plupart des pays du monde dont la France, est en constante augmentation. Ce surpoids évalué par l’augmentation de l’IMC, a été fortement relié au temps passé devant les écrans (TV/ordinateur). On sait pourtant qu’un adolescent affecté d’un surpoids ou déjà obèse, est un candidat  potentiel pour devenir un adulte présentant lui-même un surpoids ou obèse avec tous les risques associés encourus.

 

Pendant la douzaine  d’années  où le jeune lui est confié, l’école a-t-elle le pouvoir de rectifier cette tendance à la baisse du niveau de sa condition physique liée à la santé ?

 

Plusieurs constats ne plaident pas en sa faveur. Selon nos propres travaux réalisés à partir d’enregistrements vidéo de séances de 50 min d’EPS, un jeune n’est réellement actif que 12 min 14 ± 8 min pour les garçons et 10 min 23 ± 7 min pour les filles (données non publiées) ce qui, avec 3 heures d’EPS hebdomadaires, ne représente que 0,22% d’une année civile en situation d’activité physique institutionnalisée ! Durée très nettement insuffisante. Par ailleurs, les enregistrements de la fréquence cardiaque (FC) pendant toute une journée de classe ont montré une charge physiologique trop longtemps trop faible au cours de la journée (entre 40 et 60 % de la FCmax) ainsi qu’une FC au cours des séances d’EPS sensiblement équivalente à celle obtenue au cours des récréations (entre 60 et 85 % de la FC max) donc à peine suffisante pour ne développer que partiellement l’endurance aérobie mais certainement pas VO2max. Charge physiologique trop faible.

 

Ces données, entre autres, confirment que la quantité et l’intensité de l’activité physique offerte actuellement par l’école est insuffisante pour développer la condition physique liée à la santé. Mais rien n’est rédhibitoire...

 

 Pour ce faire, il serait non seulement indispensable d’augmenter toutes les gammes possibles des intensités et des durées d’exercice ajustées aux capacités des jeunes pendant les cours d’éducation physique, mais aussi pendant toutes les séances d’activités physiques pratiquées en dehors de l’école.

 

 A l’école et en dehors de l’école, quelle que soit la discipline utilisée dans les programmes scolaires, il conviendrait d’introduire au début de chaque séance d’EPS ou d’APS « le quart d’heure pour le cœur » au cours duquel la fréquence cardiaque devrait être maintenue entre 80 et 90 % de la FC max.

 

Ainsi, même en se limitant au développement de sa santé, ajouter à la qualité des enseignements, l’intensité et la quantité de pratique des activités physiques et du sport du jeune aussi bien à l’école et en dehors de l’école devient donc une obligation éducative. Dans ces conditions il est clair que l’acronyme EPS devra de plus en plus signifier aussi : « éducation physique et santé » !

 

 

 

Poitiers les 12 et 13 Novembre 2015